L'ancêtre du Solex : Le Mototracteur

( reproduction d'un article de la Science et Vie de 1914 )


 

CETTE CYCLISTE N'A PAS BESOIN DE PÉDALER

Le mototracteur adapté sur une bicyclette ordinaire l'a transformé en motocyclette tout en lui conservant ses qualités de légèreté et de souplesse,

 

 

 

 

Le mototracteur, nouveau groupe mo­teur amovible que nous présentons ici, répond à un problème dont beaucoup de personnes attendent depuis longtemps la solution. Il permet de transformer instantané­ment une bicyclette ordinaire en motocy­clette : comme la motogodille mue le lourd bachot en une confortable embarcation au­tomotrice.

Souple, économique et léger, le mototracteur, qui pèse 11 kg, n'est pas placé à l'in­térieur du cadre; il se fixe en un tour de main devant le guidon au moyen de trois écrous seulement, comme un simple porte-paquet.

Le moteur vertical tourne très rapidement; il fait 2.200 tours par minute dans d'excellen­tes conditions, car, avant de sortir de l'usine, il subit une dure épreuve qui consiste à tourner pendant plusieurs heures à 3.600 tours sans ratés d'allumage et sans difficultés de reprise de vitesse aux ralentis.

Pour équilibrer le poids du moteur, une ma­gnéto d'allumage, un carburateur automati­que et le réservoir à essence constituent un ensemble dont le poids correspond exacte­ment à celui du cylindre et de ses organes. On a mémé poussé le souci de l'équilibre jusqu'à munir l'arbre moteur de deux petits volants qui constituent pour la bicyclette un excel­lent stabilisateur gyroscopique. Le système de transmission de l'effort mo­teur est des plus simples : ici, pas d'engrena­ges qui cassent, pas de courroies qui glissent; un modeste petit galet en fonte dure calé sur l'arbre moteur trotte directement sur le pneu­matique de la roue avant. Quel est le résultat de cette lutte entre le caoutchouc et la fonte ? A première vue, il semble que c'est pour le pneumatique la mort rapide et sans phrase. L'expérience a prouvé le contraire: le caout­chouc cède sous l'effort et reste indemne, tan­dis que le galet de tonte se creuse et épouse l'arrondi du pneumatique. Quand le galet ut trop usé, on le remplace moyennant quel­que centimes: c'est la seule dépense d'entre­tien courant de l'appareil : elle n'est pas ruineuse pour le motoriste. On a d'ailleurs essayé sans succès de remplacer la fonte par le bois, l'aluminium et même par le caoutchouc.

 

 

 

Le groupe moteur coulisse tout entier sur deux glissières qui doublent fa fourche. Ce dis­positif rend l'embrayage extrêmement simple, car il suffit pour l'obtenir d'agir sur le groupe au moyen d'une vis sans fin terminée par une manivelle. On approche ainsi le galet moteur du pneumatique avant et le contact s'établit avec douceur grâce â l'élasticité du matelas d'air con­tenu dans la chambre. Les paliers du vilebre­quin sont ainsi à l'abri des chocs et des vibra­tions qui pourraient les détériorer.

Pour adapter le groupe moteur à une bicy­clette quelconque, on retire le guidon de cette dernière et sa tige que l'on remplace par celle du groupe et on serre les écrous de support du moyeu de la roue avant et du guidon. Un point, c'est tout.

On apprend très vite à se servir du moto-tracteur dont la manoeuvre est très simple. II suffit d'observer quelques précautions élé­mentaires comme, par exemple, de ne jamais embrayer ni débrayer ou freiner sans tenir levé le décompresseur. Il faut aussi tenir le pneumatique avant bien gonflé pour éviter son usure sous l'action du galet.

L'entretien se réduit à mettre de temps en temps une goutte d'huile sur les articulations, sur les glissières et sur le pas de vis. En marche, on graisse peu à la fois et souvent, avec une bonne huile à moteur.

Le réservoir placé au-dessus du groupe mo­teur contient 1 litre 1/4 d'essence et 1/4 de litre d'huile, ce qui suffit pour 60 km. Donc. pas de formalités d'octroi, pas plus d'ailleurs que de numéro d'immatriculation de la préfecture.

Le mototracteur est construit par son inventeur M. R.Mauclaire, 47 bis Avenue de Clichy, Paris

Plusieurs autres modèles de moteurs amo­vibles ont été récemment créés. Les autres sont pour la plupart montés sur la roue arrière de la bicyclette. Si nous n'avons pas hésité à décrire et à recommander celui-ci, c'est que, même sur parcours long et difficile, il ne nous a donné aucun des déboires qui, trop souvent, nous ont fait abandonner les appareils similaires.

LE MOTOTRACTEUR MONTÉ SUR UNE BICYCLETTE

Le mototracteur est fixé au moyen de trois écrans, en avant du guidon mire les bras duquel se trouve la manivelle d'embrayage. Celle-ci fait coulisser le groupe moteur sur les deux glissières doublant la fourche. A gauche, le réservoir d' essence et la magnéto forment avec le car­burateur, un ensemble dont le poids est équilibré par celui du cy­lindre et de ses organes.

 

 

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